Couteau sarde de Silvano Usai
SILVANO USAI
La rigueur technique, l’amour pour une terre très spéciale telle que la Sardaigne et la passion pour les couteaux: mélangez ces trois éléments et vous obtiendrez l’œuvre de Silvano Usai, coutelier de Sinnai, ville située à une poignée de kilomètres de Cagliari. La rigueur technique s’explique aisément par le fait que Usai est professeur de sciences des constructions et, comme on peut facilement l’imaginer en constatant la rigueur et l’ordre qui règnent dans son laboratoire, ce n’est pas le genre de personne qui aime laisser les choses au hasard ou dans une approximation empirique. Quant à l’amour pour la Sardaigne, la preuve de cet amour ne provient pas seulement d’un respect passif de la tradition sarde du couteau, mais il vient également de comportements bien plus actifs et écologiques, tels que la décision d’obtenir l’énergie nécessaire au laboratoire par des panneaux photovoltaïques installés sur le toit de ce dernier (un choix dont Usai est aussi fier que de sa propre production). Enfin, la passion pour les couteaux, née depuis plusieurs années. Comme souvent cela se produit, il s’agit au départ uniquement d’un hobby (« parce que nous, sardes, le couteau, nous l’avons dans le sang » explique Usai), mais peu à peu cette passion s’est agrandie jusqu’à gagner également le fils de Silvano, Nicola, qui est en train d’apprendre l’art du père. Usai aime définir ses produits comme des « ustensiles de coupe » : un choix lexical qui souligne la philosophie constructive selon laquelle la fonctionnalité doit être maintenue, sans permettre que le couteau se détériore au point de devenir un simple objet de décoration. C’est également pour cette raison que les couteaux qui sont façonnés par les mains d’Usai ne sont pas seulement une énième reproduction de la tradition pourtant très riche de l’île. Même si dans les vitrines les immanquables « pattadesi » ou « arburesi » sortent timidement la tête de leur cachette, il existe un effort continu de réinterprétation et d’innovation. Le prochain objectif, anticipe Usai, sera l’utilisation di pierres dures pour les « Inlays » des poignées : matériaux qui, à différence des autres, ne permettent pas l’erreur de travail la plus petite. Mais le défi, vue la compétence et la détermination tout à fait sarde de ce coutelier - qui refuse l’appellation d’ « artiste » et en guise de compliment accepte seulement celui d’ « habile artisan » - semble déjà gagné d’avance